Finance&Gestion 381 (Juillet/Août 2020)

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Le philosophe, l’assureur et la pandémie : vers l’assurance infinie et au-delà !

L’assurance et son espace « Vers l’infini et au-delà! » , est sa devise: l’astronaute « Buzz l’éclair » 1 , ne connaît pas de limite. L’assurance infinie serait encore plus osée. On trouve en Guyane, équipée pour le tir spatial, la frontière de l’assurance. Les satellites sont assurables, mais après un certain nombre de tirs réussis. Non pour la loi des grands nombres, mais pour associer une probabilité au mon- tant assuré. L’assureur accepte un risque et calcule une prime. En l’en- caissant, le risque lui est transféré et il s’engage à verser le montant accordé si l’aléa se réalise. L’assurance infinie? L’assurance n’est pas infinie, mais qui conduit un véhicule en France doit assurer sa responsabilité civile, pour un montant illimité, car le juge fixe sou- verainement le montant de l’indemni- sation. On trouve aussi en Guyane le pont sur le fleuve Oyapock, la reliant au Brésil. C’est la plus grande frontière terrestre de la France, séparant l’Union Européenne du Mercosul 2 . Le défaut d’accord binational sur l’assurance des véhicules terrestres à moteur freine les échanges entre les deux rives. Le Brésil ne peut accepter une assurance dont le montant n’est pas défini et la France exige une garantie illimitée. C’est, litté- ralement, « la frontière de l’assurance ».

Aux confins de l’assurance, la représentation du risque À l’autre bout du monde en 2011, la faculté de la science du risque de l’uni- versité du Kansai à Ōsaka, travaille d’arrache-pied après la terrible catas- trophe de Fukushima. Cet accident technologique majeur résulte d’un tsunami d’une ampleur imprévue. Les étudiants pensent une ville nouvelle avec une tour au centre, refuge des habitants en cas de « mega-tsunami ». La hauteur du mur d’enceinte? « La vague de Fukushima, plus un mètre ». Les assureurs doivent en cas de catas- trophe définir l’événement maximal. Mais la nature en aura-t-elle cure? Pandémie et indemnisation des pertes d’exploitation Face à la pandémie, les entrepreneurs demandent le bénéfice de la garan- tie de perte d’exploitation sans dom- FRÉQUENCE MESURABLE ET INTENSITÉ MAXIMALE 3 , POUR UN ÉVÉNEMENT FORTUIT MAIS PRÉALABLEMENT DÉFINI LA LIMITE DE L’ASSURANCE :

La récente condamnation d’un assureur obtenue par son assuré entrepreneur montre que la pandémie de 2020 révèle tant les limites de l’assurance que son rôle. Les assureurs, au-delà, peuvent valoriser leur rôle social par une indemnisation ex-gratia ciselée. En-deçà, ils s’exposent à la contrainte judiciaire ou gouvernementale. Un risque non exclu…

8 FINANCE&GESTION | Juillet Août 2020

PAR JEAN-FRANÇOIS ESTIENNE Économiste japonisant et développeur international

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