Finance&Gestion 381 (Juillet/Août 2020)
Tribune
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PAR SOPHIE LEBEAU Amundi Epargne Salariale et Retraite, Secrétaire Générale
E t les sommes gérées en actionnariat salarié au 31 décembre 2019, c’est-à- dire investies en titres des entreprises cotées et non cotées françaises repré- sentent 54,7 Mrds € sur les 144,8 Mrds € d’encours d’épargne salariale soit 38% en hausse de +19% sur un an. Ces actifs, clai- rement investis dans l’activité réelle parti- cipent activement au financement de long terme du tissu économique français. C’est une épargne utile et indispensable. Rappelons que même si la France est championne d’Europe (voire du monde) en matière d’actionnariat salarié avec près de 3 millions d’actionnaires salariés, le Gouver- nement s’est fixé comme objectif d’atteindre à horizon 2022, 10% de salariés actionnaires de leur entreprise (là où nous sommes aujourd’hui à 4,72% 3 ). La crise sanitaire Covid-19 que nous tra- versons depuis la mi-mars 2020 a donné un coup d’arrêt à l’activité de nombreuses entreprises françaises qui vont pour beau- coup d’entre elles devoir trouver de nou- velles sources de financement pour relancer «la machine» tout en continuant à motiver et à fédérer leurs salariés. Quelles conséquences la crise Covid-19 aura-t-elle sur les sommes versées au titre de l’épargne salariale en 2020 et en 2021? Cette année, les sommes distribuées au titre de la participation, de l’intéressement et de l’abondement par les entreprises restent sensiblement les mêmes qu’en 2019. En effet, elles sont basées sur les bons résultats de 2019. Bien souvent, les entreprises avaient anticipé ces versements, qui doivent être ver- sés, rappelons-le, avant le 1 er jour du 6 e mois qui suit la fin de l’exercice comptable, soit pour les entreprises qui ont une clôture au 31 décembre, avant le 1 er juin 2020.
financières ont la possibilité exceptionnelle- ment de reporter ces versements jusqu’au 31 décembre 2020 (selon l’ordonnance n° 2020- 322 du 25 mars 2020 suite à Loi d’urgence épidémie Covid-19 du 23 mars 2020). Un cer- tain nombre d’autres mesures d’assouplisse- ment en épargne salariale ont également été accordées cette année comme par exemple la signature des accords d’intéressement possible jusqu’au 1 er août 2020 pour une durée de 1 à 3 ans, la suspension temporaire du ver- sement de l’abondement ou encore le verse- ment de la prime PEPA (Prime Exceptionnelle de Pouvoir d’Achat) qui peut être doublée… 4 À ce jour, peu d’entreprises ont demandé le report de versement des sommes issues de la participation et de l’intéressement (sou- vent provisionnées). Les petites entreprises les plus fragiles, qui sont en exercice décalé (clôture post 31 décembre 2019) saisiront peut-être ces assouplissements au cours de l’année. En revanche, l’année 2021 sera sans nul doute marquée par des sommes distribuées aux salariés au titre de la participation, de l’inté- ressement et probablement de l’abondement en berne corrélativement aux futurs résultats 2020 en baisse. Il faudra sûrement faire preuve d’ingéniosité pour trouver d’autres leviers de motivation et d’intéressement des salariés.
11 FINANCE&GESTION | Juillet Août 2020
L’actionnariat salarié, une source de financement pour l’entreprise post crise Covid-19?
Par ailleurs, les entreprises vont dès la sortie de crise avoir besoin de fonds propres pour se recapitaliser et assurer leur pérennité et leur survie. Pour trouver des fonds, l’actionnariat sala- rié est un formidable levier de financement «gagnant-gagnant». L’entreprise comme le salarié, tout le monde a à y gagner. Pour l’entreprise, c’est un excellent moyen de lever des fonds et de renflouer ses capi- taux propres.
En 2020, en raison de la crise sanitaire Covid- 19, les entreprises rencontrant des difficultés
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